J'ai créé cet espace avec l'envie de partager mes expériences, mes avis, mes interrogations et c'est ce que je me prépare à faire concernant un sujet qui est devenu une véritable passion : le potager.
Je lis beaucoup, je lis des livres mais aussi des articles, des publications sur le net, sur les réseaux sociaux et j'avoue que je m'interroge souvent à propos de certaines démarches.
J'ai du mal à comprendre certaines choses, peut-être parce qu'elles sont relativement nouvelles pour moi. J'aurai sans doute l'occasion d'écrire de façon plus détaillée à propos de ces questions plus tard mais je voulais quand même écrire quelques lignes avant de commencer cet article.
En quelques mots : je trouve que la communication a énormément changé avec l'accès à Internet. Je ne suis pas encore un ancêtre mais j'ai écrit, envoyé et reçu des centaines de lettres, de cartes, je me souviens de l'époque où nous allions à la cabine téléphonique pour passer des appels et j'ai grandi sans télévision.
Je me rends donc compte que l'outil informatique et les moyens de communication ont révolutionné des tas de choses et à certains égards c'est une grande richesse ! Je suis ravie de pouvoir faire des recherches à propos de tous les sujets qui me passent par la tête, d'avoir accès à des sources d'informations très variées, j'aime beaucoup le fait de pouvoir piocher des idées, de l'inspiration sur les réseaux sociaux, d'avoir la possibilité d'échanger, de poser des questions à des personnes passionnées qui partagent leurs expériences.
Par contre je reste souvent abasourdie par un certain manque de pudeur ou une superficialité effrayante.
Je crois que c'est par peur d'être impudique ou nombriliste que je me décide si tard à écrire ce genre d'article. Je n'aurais pas eu le réflexe de partager, en direct mes peines quand je les vivais, à chaud, juste pour me plaindre, sans qu'elles nourrissent un but plus grand.
J'ai souvent peur de sembler pessimiste, arrogante ou irrespectueuse quand j'avoue publiquement que nous avons vécu des moments difficiles.
J'ai souvent tendance à taire ce qui est si difficile ou douloureux, dans ma vie au quotidien. Parfois parce que les mots me manquent mais parce que je sais aussi et surtout que mes peines et mes angoisses ne sont qu'un minuscule grain de poussière par rapport à ceux qui vivent les horreurs sans nom de la guerre, du racisme, du totalitarisme, de la torture, de la misère, de la maladie...
Si je me permets d'exprimer les difficultés que j'ai pu vivre c'est parce que j'y vois un sens. J'aurais du mal à m'identifier ou à comprendre la démarche de certains si leur vie n'était qu'un conte de fée lisse et facile. Ma vie n'est pas toujours simple ni facile mais j'essaie de ne pas sombrer et j'essaie de trouver le courage d'avancer malgré les pierres sur le chemin. J'essaie de voir la beauté dans les petites choses du quotidien, j'essaie de m'endormir en me souvenant des petits bonheurs, même si la journée a été éprouvante. J'essaie de ne pas me trouver d'excuses pour ne pas fournir d'effort.
Je nomme certaines de mes douleurs comme la perte soudaine et imprévue de mon papa, parce qu'elle me concerne directement et que la perte d'un être cher est universelle, qu'il s'agisse de celle d'un parent, d'un proche, d'un ami ou d'un rêve de grossesse qui s'évanouit, nous passons tous, un jour par là. Je reste plus floue à propos d'autres difficultés parce qu'elles ne me concernent pas uniquement et que j'estime ne pas avoir le droit de partager l'intimité de mes enfants.
Je m'inspire souvent de personnes qui ont un petit quelque chose en plus, qui sont très connaisseuses d'un domaine en particulier, qui ont une grande expérience, un talent particulier... Je ne fais pas partie de ceux qui cultivent la terre depuis des dizaines d'années, qui ont expérimenté et lu des centaines de livres et d'articles sur le sujet. Je ne sais pas mieux que la majorité d'entre nous comment créer et cultiver un potager mais j'ai eu l'impression que cela pouvait faire partie des choses intéressantes à partager : il n'y a pas besoin d'avoir une vie lisse et facile, d'avoir acquis des connaissance théoriques et pratiques pendant des années, d'attendre de ne plus avoir d'enfants en bas-âge dans les pattes, d'avoir beaucoup de temps ou de moyens financiers, d'être en super forme physiquement ou moralement pour se lancer dans l'aventure d'un potager ! Il suffit d'en avoir envie, d'être passionné, prêt à relever ses manches, à se salir, à apprendre, à se planter sans perdre espoir.
Ma démarche ici est vraiment de partager des expériences, en tentant de rester pudique et humble.
Je ne souhaite pas imposer ma façon de penser ou de vivre, j'ai simplement envie d'exprimer publiquement le fait qu'il est possible de faire un peu autrement, de ne pas toujours rester sur une grand route rectiligne sans se poser de questions.
Il y a une dizaine d'années, j'ai ouvert les yeux à propos de certaines choses (le fonctionnement capitaliste, ultra libéral de notre société, les crises écologiques, climatiques, pétrolières, la perte de sens, de repères, d'autonomie...), j'ai commencé à me poser beaucoup de questions et à lire énormément pour trouver des réponses, pour mieux comprendre comment et pourquoi nous en étions arrivés là et j'ai beaucoup réfléchi pour comprendre comment et pourquoi il était urgent de changer cap.
Comme d'autres avant nous, nous avons rêvé de nous affranchir des banques et du travail (au sens de l'emploi rémunéré, pas au sens du travail à fournir pour répondre à nos propres besoins humains), nous avons rêvé d'une maison en paille que nous construirions au milieu de nulle part, d'un grand terrain à cultiver, de poules, d'une vie simple, autonome et libre.
Comme beaucoup avant nous, nous nous sommes heurtés à de nombreux murs, nous avons erré, retourné des questions dans tous les sens pour finalement nous rendre compte que nous perdions du temps à chercher une solution qui n'existait pas (en tous cas ici, maintenant et avec les "contraintes" qui étaient les nôtres).
C'est au moment où nous avons abandonné certains rêves (qui pourtant m'étaient très chers) que je me suis rendue compte qu'il y avait moyen d'avancer, petits pas après petits pas vers l'autonomie, la liberté et la simplicité dont nous rêvions.
Nous avons fait certaines concessions et nous nous sommes, au fil des années, de plus en plus rapprochés de ce qui nous tenait à cœur.
Je me souviens parfaitement du goût des carottes et de l'aneth mangés dans les allées des potagers de mes grands parents, quand j'étais enfant. J'ai vu ma maman transformer des petits jardins de ville en mini jungles luxuriantes et pourtant j'ignorais tout du travail de la terre.
Depuis des années, je vis avec cette sensation étrange que les différentes crises nous poussent de façon urgente vers l'autonomie.
C'est sans doute dans cet esprit que j'ai voulu apprendre à faire pousser nos légumes.
Mais comme pour de nombreux autres domaines, la peur et l'urgence ne sont pas les meilleurs atouts pour construire quelque chose de durable. Je l'ai appris au fil du temps et de mes expériences.
Nous avions fait des petites tentatives de potager quand nous vivions en ville, ils ont lamentablement échoué parce que nous n'y connaissions absolument rien et que nous ne nous étions pas assez intéressés au sujet.
L'année où j'ai vraiment décidé de commencer un potager, chez nous, à Vaux-Chavanne, j'avais deux grands enfants qui n'allaient pas à l'école (nous pratiquions l'enseignement à domicile), un petit garçon un peu sauvage de 2 ans et des poussières et j'étais très enceinte d'un petit géant qui terminait de grandir dans mon ventre. J'ai tenté de faire un potager selon la méthode de la lasagne (dont je reparlerai plus tard) avec une forme improbable, dans une partie des prairies, en semis direct.
Je garde de très bons souvenirs de ces moments passés avec mes enfants et mon mari, de la préparation du potager... Mais je n'avais pas anticipé les difficultés d'accès pour une vieille maman enceinte avec des contractions tous les jours pendant les derniers mois de la grossesse, la présence impressionnante de limaces et de campagnols dans notre terrain et nous n'avons, au final pu déguster que quelques pauvres radis.
Je ne m'avoue pas facilement vaincue, je suis assez entêtée et je n'ai pas écouté les conseils de ceux qui me disaient que faire un potager en tant que novice, avec 4 enfants dont un bébé encore allaité et déjà un million de choses à faire tous les jours était une mauvaise idée.
J'ai revu ma façon de faire, nous avons acheté quelques carrés potagers que nous avons installés dans notre jardin et j'ai recommencé une nouvelle aventure de potager en lasagne, aidée de mon petit gars et de sa mini brouette, un bébé en portage dans le dos. On a semé et replanté comme on pouvait, vite vite entre deux tétées et des crêpes à préparer, en ramassant 20 fois le paquet de petits pois qu'un des enfants avait renversé, on a attendu et on a vu sortir de terre des plantes qui nous ont offert nos premiers légumes. Les récoltes n'étaient pas folles mais tout ce qu'on avait semé avait poussé, on a dégusté des petits pois, des salades, des épinards, de la roquette, des courgettes, des herbes aromatiques et des fraises. Je regardais mes petits garçons se promener dans les allées de notre mini potager, je les voyais caresser les capucines et les soucis, admirer les tournesols et les mauves, mes grands venaient piquer de la salade pour leurs tartines et j'ai su qu'une belle aventure commençait.
L'année suivante, je me suis sentie à l'étroit dans ces petits carrés et j'ai commencé à faire des bandes en lasagne à d'autres endroits, j'ai semé et replanté beaucoup plus, j'ai passé énormément de temps dehors, agenouillée, les mains dans la terre, accompagnée de mes enfants la journée, seule la nuit quand j'allais arroser, vérifier que tout poussait bien, quand je partais à la chasse aux limaces (avec ma lampe frontale et mon air de sorcière un peu folle).
Les récoltes ont été plus abondantes et variées, mais surtout j'ai compris que semer, planter, regarder pousser, fleurir, mûrir, récolter, cuisiner les fruits de la terre m'apportaient tellement plus que ce que j'avais imaginé au départ.
J'ai appris la patience, l'observation, j'ai redécouvert le respect de la vie sous toutes ses formes, de la lenteur. Je me suis émerveillée comme une enfant devant les cotylédons, les bourgeons, les fleurs, les fruits, les légumes. J'ai découvert une fierté simple, noble et puissante (qui s'apparente peut-être à celle qu'on peut ressentir quand on met au monde un bébé) quand je me suis rendue compte, au fil du temps que notre jardin était rempli de grenouilles et de crapauds, d'insectes, d'oiseaux, de lézards, de hérisson, d'écureuils, de musaraignes et que tout un monde vivait autour de chez nous, des animaux se sentaient bien dans notre petit écosystème.
L'urgence et l'impatience s'était envolées, petit à petit j'apprenais, je découvrais comment cultiver la terre, produire des fruits et des légumes pour ma famille mais aussi et surtout j'avais redécouvert ce qu'on ne devrait jamais cesser de faire en devenant adulte : je pouvais être parfaitement heureuse et sereine, assisse dans l'herbe, entre deux bandes de fumier de cheval et de paille, les cheveux en bataille, les joues rouge écarlate, les mains, les bras, les pieds et les jambes remplis de terre en ne faisant rien d'autre que regarder et écouter le monde qui m'entoure, les oiseaux qui chantent, les nuages qui passent, les insectes qui se promènent, les feuilles qui bruissent au vent, les chèvres qui broutent, les fleurs qui dansent, les poules qui picorent.
J'ai découvert une autre forme de fatigue, quand le soleil se couchait je sentais mon corps fourbu, mes muscles épuisés, ma peau qui tirait... et je savourais cette saine fatigue ! Je n'ai jamais été très adepte du sport (mes formes généreuses doivent le prouver) et pourtant, pendant les journées de printemps j'étais capable de remplir, déplacer, vider, remplir à nouveau des dizaines de brouettes de fumier lourd et humide, je pouvais passer des heures penchée au dessus de mes bandes à repiquer tous les plans. Je me suis rendue compte que je ne serai sans doute jamais une grande sportive mais j'aime la fatigue physique qui permet de s'endormir tôt et vite pour savourer un sommeil réparateur, cette fatigue née d'un sain et utile labeur.
Et je vais vous confier ce qui a été une grande révélation pour moi : j'ai compris que travailler la terre était (pour moi) le meilleur moyen de soigner les douleurs d'un cœur peiné et d'un esprit inquiet.
Notre vie a été bien compliquée ces dernières années, j'ai vécu de profondes et douloureuses angoisses que je ne souhaite à aucun parent, j'ai cru voir mes racines amputées avec la disparition de mon papa, j'ai souvent étouffé de longs cris plaintifs et eu peur qu'ils rendent mes entrailles amères et acides.
J'aurais pu anesthésier mon chagrin avec des boîtes d'antidépresseurs ou d'anxiolytiques, j'aurais pu consulter des médecins ou des psychologues pour tenter de comprendre et de gérer les traumatismes qui ont fait de certaines journées ou nuits des enfers, j'aurais pu noyer mon esprit avec de l'alcool ou devant la télévision, c'est peut-être ce que j'aurais fait si je n'avais pas découvert que la terre pouvait absorber mes larmes et s'en servir pour faire pousser des plantes dont les fleurs à peine écloses réussissaient à apaiser mes angoisses.
J'ai parfois souffert de nous sentir si seuls et paradoxalement c'est la solitude dans le jardin qui m'a aidée à me sentir mieux. Seule devant un majestueux tournesol je pouvais éclater en sanglots sans me sentir observée ou jugée. J'étais libre d'être à la fois si triste et si admirative. Les mots pouvaient rester dans ma tête et je ne devais pas faire d'effort pour me faire comprendre.
Et puis surtout, surtout, dehors, dans le jardin ou dans les bois on retrouve notre place réelle, des perspectives, des proportions qu'on a trop souvent perdues de vue. La peine atroce résonne différemment dans la nature que dans une construction humaine. Le lourd nuage noir qui ricoche sans cesse contre les murs d'une maison, d'une école, d'un cabinet médical, d'un magasin, d'une entreprise retrouvera une taille réelle dans le jardin ou dans les bois, il tournoiera autour de nous comme un rond de buée soufflé dans l'air glacial, nous arrachera quelques larmes mais il sera libre de s'éloigner, de rebondir sur une touffe d'herbe, de s'emmêler dans les branches d'un arbre pour ensuite se perdre dans le ciel et alléger notre cœur de ses peines.
Loin des constructions humaines nous retrouvons notre juste place et nous pouvons nous rendre compte que toutes ces choses qui nous semblent immenses et étouffantes sont en fait des détails infimes à côté de la taille de notre monde.
L'aventure humaine est parfois si complexe et difficilement compréhensible.
La vie nous réserve parfois des surprises si étonnantes, mystérieuses qu'elles nous laissent sans voix.
Il est parfois impossible d'avoir une quelconque emprise sur ce qui arrive à ceux que nous aimons tendrement...
La nature est parfois surprenante, indomptable (et c'est ce qui la rend belle) mais elle nous oblige à être humble et patient, à utiliser notre force physique et notre souplesse intellectuelle pour comprendre comment récolter les fruits de la terre . La nature nous rappelle que tout fonctionne par cycles, que tout passe et tout revient, qu'un hiver rude laissera la place à un doux printemps, que certains fruits pourrissent et iront nourrir le sol pour que d'autres puissent pousser, que tout est lié et que l'herbe qui nourrit les chevaux se transforme en crottin qui fertilisera le sol pour faire pousser d'autres herbes, que les feuilles mortes qui tombent au pied de l'arbre finiront par devenir le terreau pour les plantes qui y pousseront et c'est ce que j'aime passionnément dans le fait de faire mon potager : les cycles, les liens passionnants et rassurants.
Plonger les mains dans la terre pour y semer quelques graines, s'asseoir, sentir les rayons du soleil sécher nos larmes, sourire en découvrant les minuscules points vert tendre qui sont en train de naître, rêver, espérer, attendre, patienter, se réjouir, s'émerveiller, écouter, regarder, observer, se poser des questions, essayer, réfléchir, comprendre sont des étapes nécessaires pour avoir la chance de croquer un petit pois frais, savourer une framboise ou préparer une soupe de courgettes du jardin.
Chacun en fera à sa guise, en tirera ses conclusions, inventera des solutions qui répondent à ses besoins mais je suis persuadée que plus qu'une certaine urgence liée aux difficultés que notre monde va connaître dans les prochaines années c'est une saine nécessité de semer, de planter et de regarder pousser des fruits, des légumes et des fleurs !
Chacun y trouvera son compte, son réconfort, sa saine fatigue et la paix de son esprit !
Un autre élément qui me semble crucial est d'impliquer les enfants dans cette démarche. Cette année, pour la première fois je fais des listes et des plans de ce que je veux semer et où je veux installer chacun des légumes et des fruits, chacune des fleurs. Je m'organise des semaines à l'avance et je ferai une partie du travail seule, pendant que mes enfants sont à l'école. Cela me permet de gagner du temps, d'être plus efficace, de réfléchir aux bonnes associations, d'essayer de profiter un maximum des différents espaces du jardin.
Mais j'attendrai que mes petits soient avec moi pour faire les semis. Ils m'aident le week-end ou après l'école à déplacer les bottes de paille, à préparer les différents espaces et je me réjouis que l'été revienne et que nous puissions passer de longues journées, dans le jardin, sans contrainte d'horaire pour voir pousser ce que nous aurons semé et dégusté les fruits et les légumes à peine cueillis.
J'ai déjà prévenu mes grands adolescents que je les entraînerais dans le jardin pour participer à cette aventure, pour leur transmettre certaines choses qui me semblent vraiment importantes. Je me doute qu'ils ne se passionneront pas pour le travail que j'accomplis au potager et qu'ils ne resteront pas des heures à mes côtés, mais j'aimerais aussi semer des graines dans leur esprit en espérant qu'avec le temps elles germeront et leur seront utiles.
Il est important que les enfants sachent comment les fruits et les légumes dont ils se nourrissent poussent, comment une graine germe et devient une plantule, comment les insectes pollinisent les fleurs. Il faut qu'ils sachent que le sol est vivant et tellement riche, que se salir les mains n'est pas grave (quand je rencontre des enfants plus grands qui ont si peur de se salir je me demande à chaque fois s'ils ont eu l'occasion de prendre du plaisir à ramper dans l'herbe, à sauter dans les flaques de boue, à patouiller dans la terre quand ils étaient tout petits, s'il existe vraiment des petits animaux qui ont peur du foin, de l'eau de pluie, de la terre et de ce qui est la base de notre environnement).
C'est bien d'apprendre à l'école à trier les déchets dans les différentes poubelles... Mais il serait aussi, au moins aussi important que nos enfants comprennent le monde qui les entoure ; pas celui de la technologie et des écrans interactifs mais celui de la faune et de la flore, du sol sur lequel ils marchent et vivent.
Je suis heureuse que mes enfants trouvent cela tout à fait normal d'alterner les couches de fumier, de paille, de feuilles mortes, de branchages, d'épluchures de fruits et de légumes, de tonte d'herbe pour y faire pousser des légumes, qu'ils soient heureux d'apprendre qu'un crapaud sort toutes les nuits d'été pour arpenter les allées du potager et y trouver de quoi se nourrir, qu'ils reconnaissent l'importance des insectes, sachent faire la différence entre une fleur de courgette mâle ou femelle...
Je suis fière qu'ils se rendent compte que les arbres qui abritent les oiseaux, les écureuils nous offrent des fruits doivent être respectés, qu'il n'y a pas besoin d'avoir un jardin tiré à quatre épingles pour aimer y passer du temps et que c'est justement de ce désordre, de ces tas de bois, de ces tapis de feuilles mortes que naît la vie.
Je suis contente qu'ils ne sachent pas ce qu'est un insecticide et qu'ils comprennent que le meilleur des engrais est souvent fait de ce que certains adultes trouvent répugnant ou « mauvais » comme le crottin, le fumier, les orties.
Je ne suis pas une grande connaisseuse du monde animal, mais quand je regarde les oiseaux, les insectes, les chèvres, les moutons, les vaches, les rongeurs, les écureuils, les gastéropodes, les chiens, les chats, les renards autour de moi, je me rends compte que leurs activités sont simples mais prenantes : ils cherchent à se nourrir, à s'abriter, à se reproduire, à se protéger des prédateurs, ils se reposent et certains ont l'air de prendre du plaisir à jouer.
La vie de la plupart des humains me semble si différente alors que nous sommes au même titre que les oiseaux et les renards des animaux...
Il est peut-être temps de nous rendre compte que nous devrions redécouvrir ce qui fait de nous des êtres vivants, des animaux : savoir comment nous nourrir, nous vêtir, nous protéger des intempéries, nous reposer, comment faire toutes ces choses qui nous sont essentielles en dépensant de l'énergie pour cela plutôt qu'en attendant, stressés par nos vies modernes, dans un nid artificiel que la nourriture prémâchée arrive dans nos petits becs grands ouverts, nous ne sommes pas les oisillons impuissants que le système veut nous faire croire que nous sommes.
P.S Je pense qu'il est utile de préciser que j'ai souvent des opinions assez tranchées à propos des sujets que j'affectionne, je les exprime ici publiquement mais je suis tout à fait ouverte aux débats, aux échanges d'idées. J'aime qu'on me présente une autre façon de penser, qu'on m'explique un autre itinéraire, qu'on fasse découvrir des nuances que je ne connais pas encore. Je fais partie de ceux qui pensent qu'il est plus enrichissant d'échanger avec quelqu'un qui a une autre vision des choses et qui est capable de l'expliquer, de la partager plutôt que ceux qui restent entre eux, utilisent les mêmes termes qui finissent par perdre leur sens et qui pensent que si quelqu'un réfléchit ou vit différemment il est forcément critique et jugeant vis à vis des autres.
Je souhaite aussi préciser que je me suis rendue compte que passer du temps dehors, cultiver mon jardin, me promener a été très bénéfique pour ma santé mentale, mon esprit et mon cœur, au fil du temps, je ne me suis pas lancée dans cette aventure avec un objectif « thérapeutique ».
Me promener, passer du temps dehors, dans le jardin, cultiver mon potager m'aident à surmonter les moments difficiles ce qui ne veut pas dire que je ne reconnaisse pas l'utilité de certains médicaments ou aide professionnelle ou que je pense que personne ne devrait jamais prendre d'antidépresseur ou d’anxiolytique. Je sais (peut-être mieux que d'autres) que la maladie mentale, la dépression peuvent être complètement hors de contrôle et qu'il y a parfois besoin de faire appel à la médecine moderne et à ses outils.